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Chronique
Ce sont les hirondelles de la Saint Valentin.
Impossible de feuilleter les magazines sans voir des coeurs rouges partout. _ Ce sont les hirondelles de la Saint Valentin.
Ils sont coussins dodus dans les magasins d’ameublement, gâteaux chez les pâtissiers, ballons dans les carteries, oeuvres graphiques dans les galeries d’art. Ils sont là pour nous dire : « La fête de l’amour est pour bientôt ! Préparez vous ! ».
L’amour, à en croire les chroniqueurs des revues sur papier glacé, est comme les champignons après la pluie : partout ! En réalité, l’amour, comme la truffe, n’est pas à la portée de n’importe qui. Il faut faire des efforts, apprendre à séduire, nous disent les diablesses qui s’habillent en Prada.

La séduction est le maître-mot de la pédagogie de base des esthéticiennes, diététiciennes, tenancières de spas, visagistes et rois de la confection. Sans négliger les chausseurs : car il s’agit de choisir avec discernement entre cothurnes, talons aiguilles, santiags ou ballerines si on veut trouver chaussure à son pied.
Vous l’avez compris, c’est le corps tout entier qui doit être paré et oint selon ses besoins. Gommage, affinage, maquillage sont préconisés pour plaire à l’homme de ses rêves ou pour essayer de garder l’homme de son quotidien. Une fois les jambes gainées de résilles, les pommettes couvertes de blush, l’oeil contourné de khôl, la bouche devra être gonflée à l’aide d’un gloss aux couleurs du fruit défendu. Vos lèvres seront alors prêtes pour dire les mots d’amour les plus fous sortis du tréfonds de votre âme ou à défaut du fin fond de votre cahier de poésie de petite fille : « Quand la neige sera noire et le corbeau sera blanc, je cesserai de t’aimer, mais pas avant ».

Les mots sont
comme les pantoufles

Les mots sont comme les pantoufles, plus ils sont usés, plus ils nous mettent à l’aise. Et si les mots vous manquent, vous en trouverez des millions sur le net : tapez « mots d’amour » ou « poèmes d’amour ». Le chemin vers le mariage passe par les cosmétiques, les mensurations parfaites et les créateurs de mode pour vous mener jusqu’à l’autel via le caviar et les diamants. « Je suis loin d’avoir les mensurations parfaites, vais-je rester seule à jamais ? ». Cette question faisait rouler des larmes amères sur l’acné de mes 15 ans quand ma grand-mère, reine des boulettes de viande et de la psychologie de premier secours, m’a ouvert les yeux sur l’amour avec cet adage alsacien : « Doo wie d’Lieb anne fällt, doo léjt se un wann’s uff’em Dreckbarri isch » (« l’amour se pose où il veut, même sur les tas d’ordures »). Voilà de quoi rassurer tous les exclus des canons de la beauté. Et maman rajoutait : « Dene Knoche wie D’ sollsch hann schleift der kein Hund furt » (« Tu as un os qui t’es destiné, s’il est pour toi aucune autre chienne ne pourra te le prendre »).
Vive la philosophie de proximité !